ZOOM sur le baromètre "Perception des femmes sur leur santé"
Un article proposé par Yasmine Bourdache
« Perception des femmes sur leur santé » - Étude N°2400672 par le Collectif Femmes de Santé et l’Institut du sondage Consommer Science & Analytics.
Perception des femmes sur leur santé, l’aiguille du baromètre oscille entre héritages et préoccupations
Dans sa volonté de co-construction d’une santé durable, équitable et égalitaire le Collectif « Femmes de santé », a récemment présenté les résultats de son 2ème baromètre concernant « La perception des femmes sur leur santé ». Réalisée sur 1 008 femmes de plus de 18 ans, à travers un questionnaire auto-administré conçu par l’institut du sondage CSA (Consommer Science & Analytics), cette étude avait pour objectif de recueillir les perceptions autour de 3 thématiques de santé féminine : les priorités accordées à la santé, les états de santé, et la perception de la prise en charge. Rassurants ou surprenants les grands constats du baromètre sont les suivants :
La santé des femmes n’est pas en tête de leurs priorités
Plus de 61 % des femmes interrogées déclarent avoir un problème de santé. Parmi elles, une sur trois souffre d’une maladie chronique et une proportion équivalente souffre de plusieurs pathologies. Cependant, la santé des répondantes arrive en 3ème position des sujets prioritaires, après la famille et la santé de l’entourage. Ce constat d’héritage social, n’étonne plus, mais il inquiète. Puisqu’il pose la question du poids de cette perception, sur le niveau de prise en charge des pathologies connues, mais aussi sur les délais de soumission à un éventuel diagnostic avec tous les préjudices que cela suggère.
Le travail n’est pas la sphère la plus favorable à la santé féminine
Comme dans le Baromètre de 2023, le travail est perçu comme étant le sujet le moins prioritaire pour les femmes interrogées. Par ailleurs, le travail n’est pas perçu comme un contexte favorable pour prendre soin de sa santé puisque 55 % du panel trouvent que leur entreprise n’agit pas en matière de prévention de la santé au travail ; la grande majorité ne trouve pas en leur employeur une ressource pour s’informer sur leur santé, et les répondantes notent à 6,3/10 leur niveau de préoccupation quant aux conséquences que leur travail a sur leur santé physique et psychologique.
De plus, il apparait qu’en plus de ne pas favoriser une bonne santé, le travail vient complexifier la gestion d’autres versants du qutodien. Puisqu’on observe que la conciliation entre la maternité et le travail est perçue comme difficile pour 71 % des femmes questionnées. Ce qui participe probablement à maintenir le travail en bas de l’échelle des priorités des femmes.
Des ressources lacunaires
70 % du panel considèrent que leur état de santé a des conséquences sur leur vie en général en particulier sur l’activité physique, la santé mentale, et la vie quotidienne. Un quart du panel se dit insatisfait de la prise en charge de leur santé, et pour cause, 25 % des femmes sondées trouvent qu’elles n’ont pas accès aux ressources médicales suffisantes pour être en bonne santé, soit 5 points de plus qu’en 2023 !
De manière intéressante, on observe que les jeunes femmes actives de l’échantillon considèrent que les professionnels de santé, leurs proches, les associations de patients et leur employeur sont des acteurs bien placés pour les informer sur leur santé. Tandis que pour les femmes dans des intervalles d’âge supérieurs, les professionnels de santé sont très majoritairement perçus comme étant les mieux placés pour les informer. Cependant, ce résultat se heurte au manque de professionnels de santé et aux déserts médicaux, perçus par les femmes interrogées comme ayant un impact très important sur leur santé.
Dans le contexte de pénurie de couverture médicale territoriale que vit la France, les plus jeunes sont plus à même de diversifier leurs sources d’information. Peut-on attribuer cet enclin aux modes de consommations de l’information des plus jeunes, plus diversifiés plus personnalisés ? Ou à l’exigence ou encore au poids des habitudes des plus âgés ?
Se pose également la question du manque de visibilité et d’accessibilité de certains acteurs de santé, tels que les associations de patients ou les structures du service de santé public sans un rôle d’information et de prévention ?
Quoi qu’il en soit, il semble important que les différents acteurs de santé s’emparent de cette problématique.
Conclusion
Ce Baromètre révèle que la prise en charge de la santé féminine est conditionnée par la posture de gestionnaire que les femmes ont encore très souvent au sein de leurs proches et de leurs familles, reléguant la gestion de leur propre santé au second plan.
Le travail pouvant parfois complexifier la gestion de ces aspects prioritaires et être perçu comme un contexte peu favorable à une bonne santé est quant à lui à en dernière place des priorités.
Malgré les responsabilités multiples qui leur incombent, les femmes restent conscientes de leurs besoins en santé, mais aussi demandeuses de ressources au sein du système de santé et de la société de manière à disposer d’outils plus adaptés à la réalité de leur condition.